Pour choisir un bon sol, il faut d’abord identifier la topographie du terrain et y faire la relation avec une description morphologique des sols. C’est après cette étape qu’il faut prélever les sols pour analyse au laboratoire.
• La prospection basée sur l’étude des toposéquences
Les points d’observation sont installés sur des demi-interfluves (de la crête au cours d’eau) ou sur des interfluves (espace compris entre deux cours d’eau consécutifs). Il faut donc choisir des interfluves ou paysages morpho-pédologiques représentatifs de la zone. Dans chacun de ces paysages, l’on installe une toposéquence qui est une coupe à travers des sols se succédant du sommet de l’interfluve au thalweg ou plaine alluviale.
Les positions topographiques peuvent être facilement déterminées en observant bien le relief. Pour installer une toposéquence il faut :
- choisir une orientation perpendiculaire aux courbes de niveaux,
- ouvrir un layon, si possible, selon l’orientation choisie,
- mesurer la pente à chaque rupture de versant ou tous les 100 m si le versant est régulier. Si la mesure de la pente n’est pas accessible, il suffira de dire quelle position topographique (sommet, haut de versant, mi- versant, bas de versant) occupe la parcelle,
- fixer les points d’observation à chaque segment topographique ou à des distances régulières. Dans un site d’un hectare, des observations tous les 50 mètres seront suffisantes.
• Le prélèvement des échantillons de sol
L’ouverture d’une fosse pédologique, est lente, mais coûte également chère. Elle est donc souvent précédée de sondages au cylindre et n’intervient qu’en cas de compléments d’information. Les échantillons de sol sont prélevés à l’aide d’un cylindre de 5 cm de diamètre. Ils sont prélevés par couche de 20 cm jusqu’à 120 cm de profondeur s’il n’y a pas d’obstacle. Si une fosse pédologique doit être ouverte, il faut que la paroi à observer soit toujours éclairée, c’est-à-dire, orientée vers l’est ou vers l’ouest.
• La description des sols
Il faut aller sur le terrain avec des fiches de description correspondant aux objectifs de la prospection. Elles doivent porter les renseignements suivant :
- Localité ;
- Date ;
- Végétation ;
- Relief ;
- Microrelief ;
- position topographique ;
- non de l’observateur ;
- numéro du profil
Sur chaque fiche de description, il faut noter les caractères morphologiques qui permettront d’identifier les sols favorables aux cacaoyers. Ce sont :
- l’environnement de la surface prospectée: la présence d'espèces végétales, indicatrice de bonne fertilité du sol ; la présence de hautes termitières, indicatrice d'un sol profond ; la présence de déjections plus ou moins abondantes de vers de terre, indicatrice d’une bonne activité biologique dans le sol ;
- la couleur du sol : Elle permet de savoir si le drainage interne est bon ou médiocre. En effet, un cou leur homogène indique un bon drainage interne. En revanche, une couleur hétérogène montre que l’eau dans le sol ne circule pas correctement et peut créer des phénomènes d’oxydo-réduction, sources d’asphyxie des plantes. Il ne faudra pas confondre une couleur hétérogène due à l’altération des minéraux à des taches d’hydromorphie ;
- la texture influence les caractéristiques physiques (densité apparente, porosité…) et hydrodynamiques du sol (infiltration, réserve en eau). Par exemple, un sol à texture sableuse est sensible au déficit hydrique, c’est-à-dire que son eau ;
- n’est plus disponible dès que les pluies cessent. Il existe plusieurs classes texturales obtenues à partir de la combinaison des trois principaux éléments minéraux qui sont l’argile, le limon et le sable. Sur le terrain, cinq classes texturales peuvent être déterminées en se fondant sur la formation d’un boudin. Ce sont : la texture sableuse, le boudin ne se forme pas. Tous les éléments se dispersent dans la main ; la texture limono-sableuse, le boudin se forme difficilement dans la main ; la texture sablo-argileuse, le boudin se forme mais se casse déjà en morceaux dans la main ; la texture argilo-sableuse, le boudin se forme dans la main, mais il se casse lorsqu’on le plie ; la texture argileuse, le boudin se forme et se plie comme une pâte à modeler ;
- la présence des éléments grossiers (constituants du sol ayant un diamètre supérieur à 2 mm) : Les éléments grossiers influencent également la réserve en eau du sol. S’ils ont un taux pondéral supérieur à 50%, ils réduisent considérablement l’eau dans le sol. Leur nature doit être signalée lors de la description du sol. En effet, les éléments quartzeux ne s’imprègnent pas d’eau et ne peuvent donc pas en restituer aux plantes. En revanche, les éléments grossiers ferrugineux (concrétions, nodules) s’imbibent d’eau et peuvent en restituer une partie aux plantes;
- la profondeur utile du sol : Pour le cacaoyer, le sol doit avoir une profondeur de 120 cm.
ATTENTION
Un sol favorable aux cacaoyers doit avoir les caractères morphologiques suivants :
- bon drainage interne, c’est-à-dire, couleur homogène des couches ;
- taux des éléments grossiers inférieur à 50% ;
- texture sablo-argileuse, c’est-à-dire, pas sableuse ;
- profondeur utile égale à 120 cm.
• Exploitation des données
L’objectif de la prospection pédologique est de reconnaître un sol favorable aux cacaoyers. Il faudra donc décrire le milieu et surtout mettre en exergue les contraintes du sol qui peuvent empêcher la plantation des cacaoyers. La contrainte, ici, est tout ce qui est contraire ou opposé à l’un des quatre caractères morphologiques définis plus haut. Il peut arriver :
- qu’il n’y a pas de contrainte. Le sol est alors favorable aux cacaoyers ;
- qu’il existe une seule contrainte. Il faut alors situer l’importance de cette contrainte pour se prononcer. Par exemple, un sol qui a une profondeur de 50 cm doit être éliminé pour la culture du cacao ;
- qu’il existe deux contraintes. Il faut déterminer, comme précédemment, le rôle de chacune dans la croissance et la production du cacaoyer. Ainsi, on évaluera le risque ;
- que seulement la profondeur utile soit satisfaite. Les risques sont élevés. Il faut alors proscrire ce sol.
Si l’un des caractères n’est pas satisfait, la durabilité de l’exploitation cacaoyère n’est pas garantie. Il faut retenir que la profondeur utile est fondamentale pour le cacaoyer. Elle permet de se prononcer ou de décider la mise en valeur d’un sol en cacaoyer. Les autres caractères interviennent dans l’évaluation de la pérennité de l’exploitation cacaoyère. Leurs effets (déficit hydrique…) peuvent être contrôlés si l’on dispose des moyens financiers pour assurer l’irrigation. Dans tous les cas, l’exploitation des données doit permettre d’indiquer les raisons du choix ou du refus de planter tel ou tel sol en cacaoyer.